Par Marie Bayon de la Tour
19 Mars 2016 | Académie Catholique -Centre Sèvres
Je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus (Lettre de St Paul aux Philippiens 3 ; 12)
Introduction
S’il est un sujet délicat entre tous, c’est bien celui des relations d’un religieux avec les femmes. La vie du père Pierre Teilhard de Chardin, homme rempli de charme et à l’existence apparemment libre n’échappe pas à la règle.[1] S’il eut de belles et grandes amitiés féminines, il ne faut pas oublier qu’il eut également de nombreux amis masculins qui furent des piliers pour lui : les pères Pierre Charles, Auguste Valensin, Henri de Lubac, Bruno de Solages et Pierre Leroy[2] pour ne citer que des religieux, sans omettre les amis laïcs, scientifiques ou non.
La vie, l’œuvre et la pensée de Pierre Teilhard de Chardin sont d’une extrême cohérence. Fils de Saint Ignace, il vit dans le monde et en quelque sorte « l’affronte » dans toutes ses dimensions. Le « féminin » en est une dimension fondamentale, il ne l’évite pas, ne l’occulte pas. Mais ne prit-il pas trop de risques ?
Courageusement cependant, il cherche la voie d’intégration de toutes les dimensions de la femme dans l’Église et dans sa vision du Christ universel. La « disposition » habituelle d’un religieux face au féminin, il y a une centaine d’année, n’était certainement pas similaire à celle d’aujourd’hui. Nous pouvons suivre cette quête dans toute son œuvre, même si elle ne s’exprime explicitement que dans trois textes : « L’éternel féminin (1918) »[3], « L’évolution de la Chasteté (1934)[4] et la fin du « Cœur de la matière » intitulée « Le Féminin ou l’unitif »[5] en 1950.
Il nous est apparu intéressant de mettre en parallèle les principales rencontres féminines de sa vie – définie à grands traits – et ce qu’il en dit ou exprime lui-même dans sa correspondance, ses essais ou son journal. Car pour « le féminin » comme pour les autres thèmes abordés dans son existence, le père Teilhard n’a cessé de remettre en question sa vision et de l’approfondir, nous en suivons l’évolution dans ses écrits.
Ce parallèle entre sa vie et son œuvre, nous l’étudierons en trois étapes, tout d’abord les 1. femmes de son enfance. Puis, sa cousine Marguerite établissant « le pont » : 2. les rencontres féminines à Paris et dans le monde. Enfin, nous conclurons par une brève étude sur 3. Pierre Teilhard de Chardin et les relations féminines.
1. Les femmes de son enfance
Dans son essai autobiographique « Le cœur de la matière »[6] écrit en 1950, soit 5 ans avant son décès, Pierre Teilhard lui-même reconnait ce que lui a transmis sa mère et parle de son « rayonnement »[7] . Il a dit d’elle : « Attentif, son visage beau et grave semblait éclairé par le dedans »[8] , ce visage dans lequel se dévoile pour lui un peu de l’amour de Dieu. Son frère Joseph a écrit « ma mère savait méditer : hors Pierre, Marguerite-Marie et Gabriel, ses enfants n’en étaient pas aussi capables, loin de là.» et plus loin il ajoute : De temps à autre, elle faisait venir des prédicateurs de son choix dans les vieilles églises d’Orcines ou de Luzillat. Je me souviens surtout du P Matheo, un zélateur de la dévotion au Sacré-Cœur…/…. On sait combien le Père Teilhard voyait dans le Sacré-Cœur le lieu de la réalisation de la conjonction du Divin et du Cosmique. A propos de sa mère, le P Teilhard précise dans ce même texte du « Cœur de la Matière » : « Il fallait que sur moi tombât une étincelle, pour faire jaillir le feu. Or cette étincelle par quoi ‘mon Univers’, encore à demi seulement personnalisé, achèverait de se centrer en s’amorisant, c’est indubitablement à travers ma mère, à partir du courant mystique chrétien, qu’elle a illuminé et allumé mon âme d’enfant ».[9] Ainsi, à l’heure où le P Teilhard se retourne sur son existence, il n’oublie pas l’héritage spirituel transmis par une mère qui avait, non seulement une foi très vivante et une dévotion profonde au Sacré-Cœur, mais encore un souci permanent des autres et de leur éveil spirituel.
Deux des sœurs de Pierre vont mourir jeunes et si la première décède avant sa naissance, le décès de Louise à 13 ans le touche [10]; il est très tôt confronté à la mort. Mais on ne peut passer sous silence ses deux autres sœurs : Françoise et Marguerite-Marie Teilhard de Chardin. « Je suis persuadée » nous dit sa cousineMarguerite Teillard-Chambon « que ses deux sœurs ont, après leur mère, exercé sur Pierre Teilhard les impressions premières les plus pénétrantes ».
Sa sœur Françoise (1879- 1911), entrée en 1903 chez les Petites Sœurs des Pauvres, fut très proche de Pierre. Cette entrée fut un vrai combat spirituel, combat qu’elle mena épaulée par son frère Pierre. C’est à Françoise que Pierre dit un jour (vers 1900-1901) : « Tu regardes ton crucifix à l’envers, ce n’est pas seulement la croix qu’il faut voir, c’est Jésus-Christ qui est dessus » et elle disait : « Il faut se donner à Dieu de trois façons convenables : généreusement, simplement et gaiement ».[11]
Son autre sœur Marguerite–Marie (1883-1936). Grande malade, mais pourtant active au-delà de ses faibles forces, elle était aussi très proche de Pierre. Elle était présidente de l’Union Catholique des Malades, réseau de prière et de soutien mutuel. Marguerite Teillard-Chambon témoigne : Entre Pierre et elle « L’amitié fraternelle était devenue une intimité…ils s’écrivaient régulièrement et ils savaient l’un de l’autre tout ce qui comptait vraiment dans leur vie…leur confiance était réciproque. ». Monique Givelet a écrit un livre sur Marguerite-Marie [12] , livre dont la préface rédigée par Pierre se termine ainsi :
« O Marguerite, ma sœur, pendant que, voué aux forces positives de l’Univers, je courais les continents et les mers, passionnément occupé à regarder monter toutes les teintes de la Terre, vous, immobile, étendue, vous métamorphosiez silencieusement en lumière, au plus profond de vous-même, les pires ombres du Monde. Au regard du Créateur, dites-moi, lequel de nous deux aura-t’il eu la meilleure part ? »
Pierre Teilhard est donc né et a grandi dans un terreau profondément chrétien, entouré de femmes animées d’une foi rayonnante avec lesquelles il partageait des relations simples et confiantes Cette confiance en l’autre, il la conservera, par la suite, parfois à la limite de la candeur.
2. Les rencontres à Paris et dans le monde
Né en 1881, il entre en 1899 dans la Compagnie de Jésus, il est ordonné prêtre en 1911 et arrive à Paris en 1912 pour poursuivre sa formation de géologue et de paléontologue au Muséum d’Histoire Naturelle. Il y rencontre Ida Treat. Américaine, journaliste et passionnée de paléontologie. Pleine de vie et d’exubérance. Venant d’un monde très différent du sien, elle ne partage pas sa foi, elle est athée et marxiste. Elle épousa par la suite Paul Vaillant-Couturier. Elle fut –comme tant d’autres, nous le verrons- certainement sensible au charme de Pierre. Mais, fort intelligente, elle sut transformer cet attrait en une belle amitié et ils correspondirent toute leur vie.[13] « Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi apte à ‘résonner’ à la souffrance des autres » écrit d’elle Pierre Teilhard à Lucile Swan [14].
Le Père Teilhard fut fidèle en amitiés. Sa correspondance atteste de nombreux échanges poursuivis avec des personnes de tous horizons durant son existence entière. Il est important de dire que tous ses amis, hommes et femmes ont tissé des liens entre eux, formant en quelque sorte une famille autour de lui.
Il retrouve à Paris Marguerite Teillard-Chambon(en littérature Claude Aragonnès 1880-1959), sa cousine issue de germains. Ils se rencontrèrent enfants à Clermont-Ferrand[15]. L’adolescence les avait séparés. Elle est l’une des premières femmes agrégées de France (Lettres) à 23 ans en 1904. C’est une belle femme, sensible et cultivée. Outre leurs racines auvergnates et les vacances communes, ils découvrent qu’ils sont tous deux animés par une profonde spiritualité. Elle se consacre à l’enseignement des jeunes filles. Elle l’introduit dans le Paris intellectuel qu’elle fréquentait déjà. Les lettres écrites par Pierre Teilhard de Chardin à Marguerite Teillard-Chambon durant la guerre et publiées sous le titre « Genèse d’une pensée »[16] montrent combien Pierre a besoin de son regard « Ma pensée se cherche et une fois de plus, je cherche à l’éclaircir en causant avec toi…tu me diras ce que tu en penses. ».[17] Déjà se dessine ce besoin pour Pierre Teilhar[18] de soumettre ses idées, de les débattre. Et s’il le fit avec des hommes, il est certain que la finesse et la sensibilité féminine lui sont nécessaires : «../..rien ne s’est développé en moi que sous le regard et sous une influence de femme » écrit-il dans le « Cœur de la matière ».[19] Est-ce à sa cousine qu’il fait allusion dans le même essai lorsqu’il écrit : « Parti, dès l’enfance, à la découverte du Cœur de la Matière, il était inévitable que je me trouve, un jour face à face avec le Féminin-. Le curieux est seulement qu’en l’occurrence, la rencontre ait attendu, pour se produire, ma trentième année »[20\. C’est très probable. Pierre Teilhard lui doit beaucoup et elle a joué un rôle essentiel auprès de lui tout au long de son existence. Pierre Teilhard note dans son journal 14 février 1917 : « qui me connait sauf Marg ? ».
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1914, la guerre est là, il s’engage comme brancardier et malgré – et stimulé aussi ! – par une existence difficile, il rédige des essais qu’il met en sécurité auprès des siens. Dans ces essais, les réflexions sur le féminin apparaissent régulièrement, nous pouvons suivre ses recherches.
Le 2 septembre 1915 – il est en plein combat- il note dans son journal au vu des rencontres effectuées en pleine guerre[21] : « Jamais, je n’avais autant discerné combien la moralité chrétienne est un sommet conquis, que très peu, en somme, arrivent à tenir, et dont la possession par l’Humanité demande une lutte continuelle ». Réflexion bien ancrée dans le réel. Puis il va plus loin dans son analyse et note : « Le féminin authentique et pur est par excellence une énergie lumineuse et chaste, porteuse de courage, d’idéal, de bonté= la bienheureuse Vierge Marie. LA FEMME est, en droit, la GRANDE SOURCE rayonnant la pureté, voilà le fait, pas assez remarqué, contradictoire en apparence, qui est apparu avec la virginité chrétienne. La pureté est une vertu avant tout féminine, parce qu’elle brille éminemment dans la femme, et se communique de préférence par elle et a pour effet de féminiser, en quelque sorte (en un sens très beau et très mystérieux du mot). »[22]
Henri de Lubac signalera dans son étude de « L’Eternel Féminin »[23] que le Père Teilhard note dans son cahier à la date du 29 avril 1916 : « La Virginité : intrusion certaine du Révélé dans le cosmos »[24].
En 1917, dans un essai spirituel intitulé le « Milieu Mystique »[25], il écrit : « La vraie union est celle qui simplifie, c’est-à-dire qui spiritualise ». Nous retrouvons ici son concept « d’union créatrice ».
En 1917-18 –il a 36 ans, il est déjà prêtre (1911) et va prononcer ses vœux de jésuite (1918). -, il rédige son fameux essai « L’éternel féminin ». Il lui faut plusieurs mois de tâtonnement pour écrire ce véritable poème (en prose). Il note dans son journal : » Rédiger sous forme d’une paraphrase (très large) de la Sagesse »[26] puis, – toujours dans son journal – : « Pas chercher la femme mais le Féminin dans toutes les femmes »[27]. Nous retrouvons cette attitude dans le texte de l’Eternel féminin. De manière inédite pour un religieux, Pierre Teilhard part de sa propre expérience pour écrire cette fresque, mais il voit plus loin : « Celui qui entend l’appel de Jésus, n’a pas à rejeter l’amour hors de son cœur. Il doit, bien au contraire, rester essentiellement humain. Il a donc besoin de moi (c’est l’éternel féminin qui parle) pour sensibiliser ses puissances, et éveiller son âme à la passion du divin. »
Ce texte est une ode à l’amour en même temps qu’un véritable condensé de ses questionnements et visions de l’amour humain, amour humain signe et vecteur de l’amour divin. Le père Martelet[28] a écrit : « Il y a une « cohérence réelle entre l’inclination spontanée et même l’élan de Teilhard vers le féminin ainsi que vers la Femme, et sa passion pour le Christ ». Et l’éternel Féminin de nous dire : « En moi, c’est Dieu qui vous attend »[29]
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Lorsqu’au sortir de la guerre, il prononce ses vœux de jésuites le 26 mai 1918, il dit avec clairvoyance : « Je vais faire vœu de pauvreté : jamais je n’ai mieux compris à quel point l’argent peut être un moyen puissant pour le service et la glorification de Dieu- Je vais faire vœu de chasteté : jamais je n’ai mieux compris à quel point l’homme et la femme peuvent se compléter pour s’élever à Dieu. Je vais faire vœu d’obéissance : jamais je n’ai mieux compris combien Dieu rend libre dans son service »[30]
Il reprend ses activités d’enseignement et de recherche et, bien entendu, il rencontre des femmes…
Car l’une des caractéristiques de Pierre Teilhard de Chardin est d’avoir arpenté le monde. Il y a croisé des femmes d’horizons différents, des femmes qui ne sont pas toujours conventionnelles. Il convient de bien resituer les femmes dans le contexte du début du XXème siècle. Dans ces sociétés occidentales, une jeune fille était élevée en attente du mariage. Nul ne songeait à développer en elles autre chose que des talents de maitresse de maison et artistiques.
Les femmes rencontrées alors par le P Teilhard sont en majorité en dehors de ce schéma traditionnel. Plus libres, payant parfois chèrement cette indépendance. Elles sont aussi plus disponibles pour des échanges. Ce sont souvent des femmes dotées d’une riche personnalité. Nous avons vu l’engagement de Marguerite Teillard-Chambon qui – tout comme Madeleine Daniélou -, étant munie d’un solide bagage intellectuel, a voulu développer l’enseignement des jeunes filles. Ce sont des femmes hors normes pour l’époque.
Fut-il si naïf que l’on tend à le dire sur ses relations féminines ? En 1922, il écrit dans son carnet de retraite : « Etre absolument transparent entre Dieu et elles, joie de dépasser » et le lendemain dans ce même carnet : « Amitiés spirituelles = spiritualisées. On ne peut pas éliminer ce qui partage le cœur : il faut l’assimiler, le traverser. »[31] . Ici nous retrouvons ce qu’Edith de la Héronnière a appelé dans sa biographie de P Teilhard : « La mystique de la traversée ». Attitude si caractéristique de sa vie, de sa pensée et de sa foi. Attitude où la difficulté n’est ni occultée ni minimisée, mais où se joue la liberté – et donc la dignité – de l’homme dans la volonté de traverser par le haut cette difficulté.
Le 29 janvier 1922, il écrit à Marguerite Teillard-Chambon : « Je pense qu’il faudrait qu’un homme fût exilé dans Mars, ou dans un autre Univers, pour se douter de l’incroyable tendresse qui le lie, inconsciemment, au corps de tous les humains. Comment se réveillera donc cette immense affection dont les affections familiales ne sont probablement qu’un pâle reflet ?… – Il est bon, en attendant, que nous en effleurions, comme cela t’arrive, le pressentiment ».[32] Tout le long d’une vie mouvementée où il souffre intensément de ne pouvoir exprimer ses convictions profondes, Pierre Teilhard de Chardin aura besoin de ces affections qu’il sait si bien décrire.
En 1923, présentée par Marguerite Teillard-Chambon, il rencontre Léontine Zanta. Femme aussi élégante et distinguée qu’intelligente, elle avait voulu garder son indépendance et avait refusé le mariage. Première femme docteur en philosophie, disciple de Bergson, elle joua un rôle de premier plan dans le féminisme français[33]. Il lui écrit en 1930 : « Tâchez de bien faire voir, dans vos conférences, qu’il y a place pour une femme nouvelle, entre la servante et la « virago » ; la place de quelqu’un qui inspire, non seulement parce qu’elle est belle, mais parce qu’elle comprend »[34] Léontine tient un salon où elle reçoit l’élite intellectuelle de son temps. Elle sera le témoin privilégié de l’évolution de la pensée de Pierre Teilhard. Il sera son conseiller spirituel et, craignant que son intelligence ne supplante son sens mystique il lui écrit « Votre vraie force sera toujours dans la tension spirituelle que vous arriverez à maintenir en vous, par la pensée et le contact avec Dieu »[35]. Ils correspondront durant leur vie entière.
A cette époque-là, il rencontre aussi Simone Bégouën qui vient d’épouser[36] son cher ami Max Bégouën. Ce fut une affection douce et fraternelle : « Simone, dear …/…comment allez-vous ‘petite sœur’ » lui écrit-il[37]. C’est-elle qui proposa en 1933 de ronéotyper les œuvres du Père Teilhard. Elle se consacrera à leur diffusion, ce que Jeanne Mortier poursuivra par la suite.
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Pierre Teilhard de Chardin part en Chine en 1923, là aussi, il effectue de nombreuses rencontres.
En 1929 à Pékin, il fait connaissance de Lucile Swan, une Américaine sculpteur[38] et peintre. Lucile était divorcée, née dans une famille d’artistes de tradition épiscopalienne ; très éloignée du monde d’où venait le P Teilhard. Pierre Leroy écrit de Lucile « Un visage saisissant, un port tranquille, une tenue à la fois simple et pleine de dignité »[39]. Leur rencontre fut un choc, et source de joies et de peines. Leur correspondance – que notre famille a souhaité publier en lien avec la nièce de Lucile, Mary Wood Gilbert – [40] (aujourd’hui décédée) peut dérouter, mais elle est émouvante et nous permet de suivre l’ouverture et la vision de P Teilhard sur le féminin. Lucile souffrit et eut du mal à comprendre (peut être le comprit-elle à la fin de sa vie ?) ce qui le retenait dans sa fidélité à ses vœux. Comme tous les événements importants de son existence, cette rencontre suscite chez lui une vraie réflexion. Il approfondit le sens de son vœu de chasteté.
Peu après, il écrit en 1931 dans son essai « L’esprit de la terre » : « L’Amour est la plus universelle, la plus formidable, et la plus mystérieuse des énergies cosmiques »[41].
En 1934, il rédige un essai intitulé : « l’Evolution de la chasteté »[42], texte qu’il nomme lui-même « esquisse » et juge comme risquant d’être mal compris [43]. Il écrit alors au P Valensin : « Ce que j’ai écrit là, c’est le meilleur de ce que j’ai trouvé à répondre (à moi et à l’autre) lorsque, à trois ou quatre reprises j’ai été mis, de longues périodes durant, ‘au pied du mur’. Vous trouverez peut-être que c’est faible comme triomphe. Mais c’est que, réellement, je n’arrive à rien voir de plus »[44] Il note ensuite dans cet essai à quel point une femme peut enrichir l’homme puis va plus loin : « La virginité se pose sur la chasteté comme la pensée sur la vie : à travers un retournement, ou un point singulier [45]. Folie du religieux donné passionnément au « Christ toujours plus grand » qui nous rappelle que l’Église est d’abord un mystère d’amour. Il revient sur ses réflexions en 1936 dans « Esquisse d’un univers personnel »[46]: « Ceux-là donc seulement s’aiment légitimement que la passion conduit, tous les deux, l’un par l’autre, à une plus haute possession de leur être »[47].
Dans les lettres adressées à Lucile Swan, on retrouve cette proposition d’une rencontre à un niveau supérieur, attitude bien difficile à vivre pour elle, mais bien révélatrice d’un mystique vivant avec intensité l’union au Christ Universel. Le 15 mai 1936, il lui écrit : « Vous, vous cherchez un équilibre ‘à deux’, et pour moi, il n’est question que d’un équilibre ‘à trois’ »[48].
Lucile écrit dans son journal le 23 juillet 1934 : « J’aimerais aimer Dieu comme le fait P. T.- Cela viendra peut-être à temps ».
Aucun témoignage ne permet de douter que Pierre Teilhard ne soit pas resté fidèle à ses vœux. C’est particulièrement clair dans cette correspondance que Lucile Swan elle-même a confiée à sa nièce Mary Wood Gilbert en lui demandant de faire connaitre son point de vue. Mary Wood Gilbert dans la préface de cette correspondance nous affirme : « J’ai demandé un jour à Lucile s’il n’y avait jamais eu entre eux accomplissement physique. Elle répliqua : ‘Jamais’ (Never) »[49].
En Chine, il fait aussi connaissance de Claude Rivière. Journaliste française pour la radio de Shanghai. Si la rencontre fut aussi une émotion pour elle, elle comprit immédiatement la vocation de son ami jésuite et ce qui en découlait. Son analyse, très humaine, mérite d’être citée : « Avec les femmes, il mettait de triples lunettes roses. Allergique à la duplicité, au mensonge, ce grand homme à l’intelligence si vaste manquait bien souvent d’esprit critique quand il s’agissait de juger les hommes, à plus forte raison les femmes. N’oublions pas qu’il n’avait connu dans son milieu que des femmes exceptionnelles, sa mère, ses sœurs, ses cousines, Simone Bégouën, etc. Et qu’il avait un véritable culte pour la féminité et le rôle qu’elle joue dans l’évolution »[50].
Ne retrouve-t’on pas ici cette phrase écrite par Pierre Teilhard en 1931 dans « L’Esprit de la Terre » ? « La manière la plus expressive et la plus profondément vraie, de raconter l’Evolution universelle serait sans doute de retracer l’Évolution de l‘Amour »[51].
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De retour à Paris, en 1946, Pierre Teilhard retrouve Jeanne Mortier rencontrée en 1939. En 1951, il la désigne comme légataire de ses œuvres. C’est donc à une femme qu’il confie la préservation et la diffusion de son œuvre. Il savait qu’il pouvait s’appuyer sur son dévouement, son efficacité et sa fidélité à sa pensée[52]. Jeanne Mortier était persuadée de la valeur du message du Père Teilhard, qu’il était une « parole attendue »[53] par quantité de croyants et de non croyants. Elle y consacra toute son intelligence et son énergie jusqu’à son décès en 1982.
Enfin, à New York en 1951, il retrouve Rhoda De Terra déjà rencontrée en Chine. Elle était l’épouse d’Helmut De Terra, géologue et anthropologue, ami du P Teilhard dont elle avait divorcé. Amie fidèle et sécurisante, elle veille sur lui durant son voyage en Afrique du Sud en 1951. Il décède chez elle, en prenant le thé, le 10 avril 1955. Un dimanche de Pâques ainsi qu’il l’avait souhaité[54].
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Il faudrait mentionner tant d’autres femmes qui furent le plus souvent écoutées, soutenues et guidées. Adrienne Croissant, Madame Haardt (veuve de Georges-Marie Haardt, chef de la Croisière Jaune), Marthe Vaufrey, Dominique de Wespin… Mission du pasteur dont nous retrouvons la trace dans ses lettres en général conservées par leurs correspondantes.
3. Pierre Teilhard de Chardin et les relations féminines
Pierre Teilhard de Chardin est un homme d’une grande sensibilité. Sensibilité de nature, et sensibilité probablement exacerbée par les deuils successifs -parfois vécus très jeune – et par l’épreuve du silence et de l’exil qui lui furent imposés en raison de ses écrits. Les quelques amies dont nous avons évoqué la mémoire, femmes exceptionnelles pour leur génération – les unes sont agrégées de lettres et écrivains, les autres : scientifiques, artistes ou encore théologiennes – contribueront, en quelque sorte, à l’élaboration de ses essais soumis bien souvent à leur critique bienveillante.[55] Certaines, seront sans doute, comme nous l’avons mentionné, à la source de ses textes sur « le Féminin ». D’autres encore participeront, par leur aide matérielle, à la diffusion de ses écrits.
C’est un homme sur lequel on a beaucoup écrit, et particulièrement sur ce sujet. Certains auteurs ne seraient-ils pas tentés- comme sur d’autres points de sa pensée et de sa vie- d’y projeter leur propre existence, leurs propres questions et leur propre vision ?
Pierre Teilhard a résidé une grande partie de sa vie à l’étranger, une vie qui fut toujours riche de découvertes et de rencontres humaines. Grâce à une correspondance très abondante (dont la publication n’est pas achevée), nous découvrons que c’est auprès de ses nombreux amis qu’il a trouvé la liberté d’exprimer ses sentiments et ses convictions les plus intimes : « Je constate que le vif de ma pensée se fait de plus en plus volontiers jour en dehors des Essais composés, au hasard et sous l’excitation de lettres à écrire à tel ou tel de mes correspondants »[56] écrit-il à l’une de ses amies. Aussi, sa correspondance, témoigne-t-elle, non seulement de la place majeure de l’amitié dans sa vie mais encore de l’évolution de sa pensée. Il est permis de croire que la confiance des femmes, leur affection et la transparence des liens qui les unissaient à lui ont été un soutien providentiel dans la vie de Pierre Teilhard. Nous savons également par leur témoignage, qu’à leur tour, ces amies ont été sensibles à la simplicité de cœur et à la personnalité rayonnante de leur ami.
Dans toutes ses lettres à ses proches, hommes[57] ou femmes, nous retrouvons ces expressions pleines de tendresse. J’en citerai quelques-unes :
A Ida Treat Très chère amie…/… Vous savez combien je reste profondément vôtre (22 février 1927).puissé-je être pour vous la moitié de ce que vous êtes pour moi (30 juin 34), ….plus affectueusement que jamais (6 mai 37) ».
A Claude Rivière. « Chère petite Claude…/…Bien profondément vôtre, et tendrement ». (20 octobre 1943).
A Lucile Swan « Dearest../…Yours, so much ».
A Marguerite Teillard-Chambon « Chère grande amie…/ … Tu sais que je t’aime, à toi. Pierre. (septembre 1929),… et crois à ce que mon cœur garde pour toi (6 mars 1934), …en grande affection, toujours (6 mars 1954) ».[58]
Le lecteur non averti pourrait parfois se laisser aller à une interprétation erronée des témoignages d’affection que nous venons de citer.
Moi-même, n’ai-je pas été tentée en lisant “Genèse d’une pensée” de me mettre à la place de Marguerite Teillard-Chambon et de me demander quelle aurait été ma réaction face à de telles marques de tendresse de la part de l’un de mes cousins !
Pierre Teilhard de Chardin connaissait la sensibilité de ses lecteurs et lectrices, il savait s’adapter à eux et c’est toujours avec beaucoup d’humanité et de discernement qu’il rédigera sa correspondance.[59] Sa propre sensibilité lui permet de rejoindre la personne là où elle en est dans son évolution spirituelle. Il sait sur quel mode d’expression –bien de son époque- il peut se situer avec elle. Nombreux sont les témoignages qui attestent de l’attention qu’il portait à toute personne. Sa bienveillance est restée proverbiale[60].
Il a toujours beaucoup aimé : famille, amis, relations de travail. Parce qu’il aime les hommes, il cherche la meilleure voie pour eux. Pierre Teilhard de Chardin a toujours vécu avec une certitude : on ne convertit que ce qu’on aime. Il écrit : « S’immerger pour émerger et soulever ».[61] Et c’est avec toute son humanité habitée par sa vision du Christ, avec sa prière fervente et toute son affectivité qu’il s’engagera sur la voie de l’amitié. Dans les femmes, Pierre Teilhard de Chardin a vu d’autres dimensions, elles l’inspirent et l’aident à élargir sa vision. Le féminin aide l’homme à s’arracher à lui-même pour mieux aller à Dieu. Le 4 octobre 1944, il note dans son journal : « Le problème qui se cherche sous la Chasteté : la spiritualisation maxima dans ses rapports avec le Féminin. Nous entre- voyons maintenant que c’est une affaire, non plus de séparation, mais de synthèse- Essentiellement le Féminin n’est pas un lest (poids), mais une force ascensionnelle ». Pour lui, cet arrachement à lui-même se doit donc d’être une croissance.
Quelles que soient ses rencontres, son engagement dans la Compagnie de Jésus et la voie sacerdotale demeureront pour lui une évidence intérieure. Disciple de Saint Ignace, pratiquant ses exercices spirituels qui visent à « se vaincre soi-même et ordonner sa vie sans se décider par aucun attachement qui soit désordonné »[62]. Le soutien attentif qu’il apportait à chacun, son accompagnement amical et spirituel, sa passion pour le Christ ont été souvent édifiants pour ses amis croyants et non–croyants. Pierre Teilhard de Chardin restera toujours pour eux un témoin lumineux de l’amour du Christ qui l’animait. Nous savons que certains découvriront ou redécouvriront la Foi à son contact.
Pierre Teilhard n’a pas esquivé la difficulté d’une attitude par trop déshumanisante de nombre de ses pairs face aux femmes. Arrivé à la fin de sa vie (1950) il écrit : « Pas plus que de lumière, d’oxygène et de vitamines, l’homme-aucun homme- ne peut (d’une évidence chaque jour plus criante) se passer de Féminin »[63]. Propos qui n’étaient certainement pas très conventionnels pour l’époque. Ceci pourtant ne peut que résonner pour nous avec ce que soulignait le pape François le 22 avril 2015[64] : « Sans la femme, il manque à l’homme « une communion, une plénitude » : pas « d’infériorité » ou de « subordination » dans leur relation, car « l’homme et la femme sont de la même substance et sont complémentaires ».
Chercheur de Dieu et mystique, le témoignage de Pierre Teilhard apporte un enseignement pour l’Église. Il sait que l’amour humain est inscrit dans un autre Amour bien plus grand et qui en est la source. Amour divin qui dilate la capacité d’aimer et de se donner aux autres.
Le Père Teilhard de Chardin nous confie dans son journal en 1950 : « la Terre, sans un oméga d’amour serait inhabitable … »[65]
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En cette année du Jubilé de la miséricorde où la tendresse du cœur de Dieu est si souvent rappelée, je terminerai notre propos en laissant le Père Martelet s’exprimer sur le sujet ici présenté.
« L’humanité d’un prêtre, d’un religieux et d’une religieuse n’est jamais dispensé d’une affectivité capable d’être saisie humainement au plus profond de soi-même par l’autre. L’exemple en ce cas n’est pas d’abord P. Teilhard, mais le Christ en personne dans l’historicité de son rapport aux femmes de son temps. Qu’il s’agisse des gestes de la Galiléenne chez Simon le Lépreux, de la Syro-Phénicienne aux limites de la judéité, de la Samaritaine au puits de Jacob ou de Marie de Magdala dans le jardin de la Résurrection, Jésus s’est laissé imprégner par des femmes d’une tendresse humaine inséparable pour lui de sa messianité ».[66]
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[1] Petite-fille de son frère Joseph, j’ai grandi proche de lui ; Joseph est décédé en 1978.
[2] Les lettres ont été publiées : « Lettres intimes de Pierre Teilhard de Chardin à Auguste Valensin, Bruno de Solages, Henri de Lubac, André Ravier » Aubier Montaigne. 1974 et pour le P Leroy : « Lettres familières de Pierre Teilhard de Chardin mon ami, 1948-1955 ». Le Centurion. 1976
[3] Tome XII « Ecrits du temps de la guerre » p 279-291 Seuil. 1965. [Les œuvres de Pierre Teilhard de Chardin (PTC) sont publiées aux éditions du Seuil en treize volumes notés de I à XIII]
[4] Tome XI « Les directions de l’avenir » p 65-92 Seuil. 1973.
[5] Tome XIII « Le Cœur de la matière » p 71-74 Seuil. 1976. Le titre lui-même est révélateur de sa vision.
[6] Tome XIII « Le Cœur de la matière » p21-92 Seuil. 1976.
[7] Tome XIII « Le Cœur de la matière » p25 Seuil. 1976.
[8] Dominique de Wespin : « Sarcenat, berceau des Teilhard de Chardin » p 6.
[9] Tome XIII « Le cœur de la matière » p 51 Seuil. 1976.
[10] Marielle en 1881 à 4 ans et Louise à 13 ans en 1904.
[11] Mémoires de Marguerite-Teillard-Chambon. Inédit.
[12] « L’Energie Spirituelle de la Souffrance, Ecrits et souvenirs présentés par Monique Givelet » Préface du P Pierre Teilhard de Chardin. Editions du Seuil. 1951.
[13] Des extraits des lettres écrites par Pierre Teilhard (1926-1952) à Ida Treat ont été publiés sous le titre « Accomplir l’homme » (l’autre correspondante du livre étant Rhoda De Terra) chez Grasset 1968.
[14] Paris Noël 1938 p 210. « PTC-Lucile Swan Correspondance » Lessius 2009.
[15] A cette époque, Marguerite était surtout très proche de ses sœurs Françoise et Marguerite-Marie.
[16] « Genèse d’une pensée » Grasset 1961. Des extraits des lettres de 1923 à 1955 ont été publiées sous le titre « Lettres de voyage » Grasset 1956.
[17] Outre « Genèse d’une pensée », des extraits de leurs correspondances ont été publiés sous le titre de « Lettres de voyage » (Grasset), la version intégrale reste à publier.
[18] Pierre Teilhard, comme il le disait lui-même procède par tâtonnements.
[19] T XII « Ecrits du temps de la guerre » p 70 Seuil. 1965.
[20] TXIII « Le Cœur de la matière » p 71 Seuil. 1976.
[21] PTC « Journal » p 103 2 septembre 1915. Fayard. 1975.
[22] PTC « Journal » p 104 2 septembre 1915. Fayard. 1975.
[23] Henri de Lubac « L’Eternel Féminin » Aubier. 1983.
[24] Henri de Lubac « L’Eternel Féminin » p 23 Aubier. 1983.
[25] TXII « Ecrits du temps de la guerre » p153-192 Seuil. 1976.
[26] PTC « Journal » 15 mars 1917 p 296. Fayard 1975.
[27] PTC « Journal » 20 septembre 1919. Inédit.
[28] Père Gustave Martelet sj : « PTC, Prophète d’un Christ toujours plus grand » p 104 Lessius 2005.
[29] Tome XII « Ecrits du temps de la guerre » p 289 Seuil. 1965.
[30] « Biographie PTC » Claude Cuénot p 43 Plon. 1958.
[31] PTC « Notes de retraites » 25 et 26 juillet 1922 p 102 et 103 Seuil. 2003.
[32] Lettre à Marguerite Teillard-Chambon Paris 29 janvier 1922. Inédit.
[33] Il s’agit d’un féminisme chrétien pour, selon la propre expression de Léontine Zanta : « atteindre une vie large et pleine » in « Léontine Zanta » Henri Maleprade p 40. Editions Rive Droite 1997.
[34] Lettre PTC à Léontine Zanta in« Léontine Zanta » Henri Maleprade p 176. Editions Rive Droite 1997.
[35]Lettre 24 janvier 1924 p 68-69 in Lettres PTC à Léontine Zanta, DDB 1965.
[36] 15 décembre 1922.
[37] Pierre Teilhard de Chardin « Le rayonnement d’une amitié ». Lettres à la famille Bégouën 14 avril 1939 p 146 Lessius 2011.
[38] C’est à elle que le docteur Weidenreich confiera le soin de sculpter la tête Sinanthrope femelle (Nelly) à partir des restes découverts à Chou-Kou-Tien.
[39] Souvenir du Père Leroy p 9 « PTC-Lucile Swan Correspondance » Lessius 2009.
[40] « PTC-Lucile Swan Correspondance » Lessius 2009.
[41] T VI « L’énergie humaine » p 40 Seuil. 1962.
[42] T XI « Les directions de l’avenir » p 65-92 Seuil. 1973.
[43] Il écrit à Léontine le 24 juin 1934 : » Cet, hiver, j’ai pu recommencer à écrire un peu …/…une esquisse, moins au point, sur l’Evolution de la Chasteté…/…le travail est encore dans mes tiroirs-parce qu’il risque d’être mal compris. Cependant c’est un effort absolument loyal et désintéressé pour essayer d’aller au fond d’une question qui me parait terriblement vitale et terriblement obscure. J’ai rassemblé là tout ce que j’ai pu trouver au fond de mes évidences en face de questions et de défis qui n’avaient rien d’abstrait pour constituer « la défense » et surtout pour définir la valeur ou l’essence « de la chasteté ». Il faudra que nous en discutions ensemble. Au fond, c’est simplement, mais dans toute son acuité ! le problème de la Matière. » PTC Lettres à Léontine Zanta p 124-125, Desclée de Brouwer 1965.
[44] Lettre au P Valensin 14 août 1934. Et cf note 27 Lettres intimes de Teilhard de Chardin p 281. Aubier. 1974.
[45] T XI « Les directions de l’avenir » p 90.Seuil. 1973.
[46] T VI « Les directions de l’avenir » p 67-114. Seuil. 1962.
[47] T VI « Les directions de l’avenir » p 93 Seuil. 1962.
[48] « PTC-Lucile Swan. Correspondance » p 109 Lessius. 2009. Il lui écrit aussi le 14 novembre 1933 : « Mais, comme votre ami appartient à un Autre, Lucile, il ne peut être vôtre autrement qu’en étant simplement et momentanément heureux avec vous.../…) p 39.
[49] « PTC-Lucile Swan. Correspondance » p 16 Lessius. 2009 et « The letters of Teilhard de Chardin & Lucile Swan » p 17 Georgetown University Press 1993. [1] Par ailleurs, nous savons que, jamais, il n’eut le moindre geste déplacé (témoignage du P Leroy etc…).
[50] Claude Rivière « A Pékin avec Teilhard » p 213. Seuil. 1968.
[51] T VI « Les directions de l’avenir » p 41 Seuil. 1962.
[52] Sur ce sujet du féminin, elle écrit dans un commentaire de « L’éternel féminin » : « Que sont les unions terrestres en regard de celle en laquelle l’Eternel trouve son infinie béatitude ! Le Fils de Dieu qui, dans l’Eucharistie, nous donne sa divinité, est au sens absolu, « le pain en qui se trouvent toutes les délectations ». Décédée en 1982, elle a publié les « Lettres à Jeanne Mortier » aux Editions Seuil, parues en 1982.
[53] Titre d’un essai du P Teilhard.
[54] Des extraits des lettres écrites par Pierre Teilhard (1926-1952) à Rhoda De Terra ont été publiés sous le titre « Accomplir l’homme » (l’autre correspondante du livre étant Ida Treat) chez Grasset, 1968.
[55]Isolé en Chine, alors qu’il est en train de rédiger le « Phénomène humain », il parle à Lucile de « nos œufs » car il a besoin d’échanger, de confronter ses intuitions et ses idées avec elle. Il lui écrit le 9 mars 1934 : « vous m’apportez ce dont j’ai besoin pour continuer le travail qui est devant moi : un flot de vie ». (PTC Lucile Swan. Correspondance p 41 Lessius. 2009.), à rapprocher de cette phrase rédigée en 1950 : « l’hommage général, quasi-adorant, montant du tréfonds de mon être, vers celles dont la chaleur et le charme ont passé, goutte à goutte, dans le sang de mes idées les plus chères… » (T XIII « Le Cœur de la matière » p 72 Seuil. 1976).
[56]« Lettres à Maryse Choisy »; cité par Ina Bergeron ; bulletin T. de Chardin n°22 ; Déc 1996.
[57] Il lui arrive de terminer son courrier à Pierre Leroy par : « très affectueusement ».
[58] Nous trouvons aussi comme expressions communes dans sa correspondance : « je regarde vers l’ouest » (c’est-à-dire vers sa correspondante), « Vos lettres me sont une grande joie », « notre précieuse rencontre » ou « je vous imagine à…(tel endroit) ».
[59] Il faut garder à l’esprit la formation spirituelle de P.T. aux exercices spirituels de St Ignace notamment à la manière de faire une bonne et sainte élection.” Que chacun, en effet, se persuade qu’il progressera dans ses efforts spirituels à proportion de ce qu’il sera dépouillé de l’amour de lui-même et de l’attachement à son avantage personnel” (189) Exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola; p. 104; Seuil 1982.
[60] « Il avait une qualité rare chez les hommes de sa valeur : il savait écouter les autres et paraître s’intéresser à leurs propos ; quand ceux-ci étaient trop fantaisistes, il se contentait de sourire » Père Leroy : « PTC tel que je l’ai connu » p 33. Plon 1958.
[61] T IX « Quelques réflexions sur la conversion du monde » 1936. » p 166. Seuil. 1965.
[62] « Quelques exercices spirituels » (21) p 59 Seuil 1982. La version de 1548 est : « Par lesquels l’homme est conduit à pouvoir se vaincre lui-même et à fixer son mode de vie par une détermination libre d’attachement nuisible »
[63] Cf aussi : [C’est] « en s’associant convenablement avec tous les autres que l’individu peut espérer atteindre la plénitude de sa personne »[1]. T V « L’Avenir de l’Homme » p 248 Seuil. 1959.
[64] Catéchèse du mercredi matin (second récit de la Création, second chapitre de la Genèse) Rome.
[65] PTC « Journal » 31 octobre 1950. Inédit.
[66]Père Gustave Martelet. Postface de la Correspondance de Pierre Teilhard de Chardin et Lucile Swan p. 425, Lessius 2009.